Doctrine Malikite

Au Nom de Dieu le Clément, Miséricordieux



Le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « Chercher la science est une obligation pour chaque musulman ».

Il dit aussi : « les Anges étendent leurs ailes à celui qui cherche la science : par satisfaction de ce qu'il fait ».

Et il dit : «Certes, Allah, et Ses anges, les habitants des cieux et de la terre, jusqu'à la fourmi dans sa tanière et jusqu'au poisson prient pour celui qui enseigne aux gens le bien ».

Qu’Allah fasse de ce Forum une aumône courante pour Sa Face généreuse.

Que nos intentions soient purement pour Allah seul.

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Mise en garde contre le takfir du Cheikh Muhammad Alawî Al-Mâlikî

 Muslim
Mardi 9 Octobre 2007

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Wa salam alikoum

En parcourant les différents forum et sites internet français et autres de la communauté. J'ai pu constater que les gens du commun ne se retiennent pas pour jeter l'anathéme sur tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux sans connaitre les raisons valables pour dire de quelqu'un qu'il est mécréant.

Selon Ibn Omar (que Dieu l'agrée), le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) a dit: ' Quand l'homme dit à son frère: 'espèce de mécréant ! ' l'un des deux a sûrement mérité ce titre. Il s'applique à l'autre si ce qu'il a dit est vrai, sinon c'est à lui qu'il revient '.
(Rapporté par Muslim et Al-Bukhârî) Chapitre 325, Page 411, Numéro 1732.

Thâbit Ibn Ad-Dahâq (que Dieu l'agrée) qui était l'un de ceux qui ont prêté serment d'allégeance sous l'arbre (le pacte de Ar-ridwân), a rapporté que l'Envoyé de Dieu (Que Dieu lui accorde Sa Grâce et Sa paix) a dit : « Celui qui jure par autre que la religion musulmane, il est considéré comme un adepte de cette religion. Il ne convient pas au fils d'Adam de faire voeu de donner une chose qu'il ne possède pas. Celui qui se donne la mort au moyen d'un objet dans le bas monde, sera torturé par ce même objet au jour de la résurrection. Maudire un croyant équivaut à le tuer. Celui qui accuse un croyant d'incrédulité, est aussi coupable comme s'il l'avait tué ».Hadîth 2031 (p 856) le livre de l'autorisation pour entrer chez autrui dans le sommaire du sahîh al-bukhârî par L'Imâm Zein Ed-Dine Ahmad ibn Abdul-Latif A-Zoubaidi.

On a rapporté d’après l’Imâm Mâlik l’avis suivant : « Quiconque émane de sa part ce qui implique la dénégation sous quatre-vingt-dix-neuf formes, et que la foi n’est impliquée que par une forme, sera considéré comme ayant la foi. »

Pour compléter les paroles de Sidi Ashwaq(sur le post précédent) concernant le danger du Takfir dans notre communauté, voici une fatwa de notre éminent savant Cheikh Muhammad Alawî Al-Mâlikî (Qu'Allah lui fasse miséricorde) qui résume bien ce fléau.

Mise en garde contre l'anathématisation hasardeuse
Cheikh Muhammad Alawî Al-Mâlikî (Qu'Allah lui fasse miséricorde) .

Beaucoup de gens - puisse Dieu les guider - se trompent lorsqu'il s'agit de comprendre l'essence des raisons qui excluent un individu du cercle de l'Islam et légitiment son excommunication (takfîr). On les voit s'empresser d'excommunier un musulman pour peu qu'il diverge d'avec eux sur la moindre question, si bien qu'il ne resterait sur terre que très peu de musulmans. Nous nous efforçons d'excuser ces personnes et de penser le bien d'eux, supposant qu'au fond leur intention est bonne et qu'elle procède de l'injonction du convenable et de l'interdiction du blâmable. Toutefois, ces gens oublient que le devoir d'enjoindre le bien et d'interdire le mal doit être accompli avec sagesse et bonne exhortation. Lorsque le débat s'impose, cela doit se dérouler de la meilleure manière, conformément à Sa Parole : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. [...] » [1]. En effet, une opinion formulée avec cette éthique est plus à même d'être acceptée et plus susceptible de réaliser le but espéré. S'écarter de cette ligne de conduite n'est qu'erreur et sottise.
Lorsque tu appelles un musulman qui prie, respecte les prescriptions divines, évite les interdits, prêche le Message de Dieu, construit des mosquées, érige des instituts islamiques, lorsque tu l'appelles à adhérer à une opinion que tu crois juste alors qu'il opte pour une opinion différente, concernant un sujet faisant l'objet de divergences de longue date entre les savants, si tu jettes l'anathème sur lui simplement parce qu'il ne se conforme pas à ton opinion, alors tu auras commis un péché gravissime et un acte abominable que Dieu t'a interdit, dans une situation où Il t'a recommandé de faire appel à la sagesse et à la bonne exhortation.
L'Imam érudit le Sieur Ahmed Mashhûr Al-Haddâd dit : « Il y a unanimité sur l'interdiction de jeter l'anathème sur un musulman, sauf s'il renie l'existence du Créateur Omnipotent - Gloire à Lui-, ou s'il commet un acte d'associationnisme (shirk) explicite n'admettant aucune interprétation, ou s'il renie le statut du Prophète ou une chose nécessairement connue de la religion, ou encore s'il renie une chose faisant l'objet d'une transmission abondante (tawâtur) ou d'une unanimité nécessairement établie dans la religion ».
On compte parmi les choses nécessairement connues de la religion, le monothéisme, la foi en les Prophètes, croire que le Message divin fut scellé par Muhammad - paix et bénédictions sur lui -, la foi en la résurrection, le jugement et la rétribution le Jour Dernier, et la foi en l'Enfer et au Paradis. Quiconque renie ce qui est nécessairement connu dans la religion est jugé mécréant. Il n'est point possible pour un musulman d'invoquer l'ignorance concernant ces questions, sauf s'il s'agit d'un converti récent. Ce dernier est excusé jusqu'à qu'il en soit instruit ; il n'aura point d'excuse après cela.
Le terme mutawâtir (concordant) désigne toute narration rapportée par un grand nombre de narrateurs de la part d'un grand nombre d'autres narrateurs si bien qu'il n'est guère possible qu'ils se soient accordés pour fomenter un mensonge. Le tawâtur (la concordance) peut se réaliser au niveau de la chaîne de narration à l'instar du hadith : « Quiconque ment à mon compte délibérément aura mérité son siège en Enfer ». Il peut s'agir également d'une concordance au niveau de chaque génération, à l'instar du Coran qui s'est répandu aux quatre coins de la terre, en Orient et en Occident, a été enseigné, récité, mémorisé, et transmis par une foule de prédécesseurs à une foule de successeurs, de génération en génération, si bien qu'il n'est plus nécessaire de retracer une chaîne de narration.
Il y a également une concordance au plan des actes hérités, à l'instar des oeuvres qui se poursuivent depuis l'ère prophétique jusqu'à nos jours. Il y a concordance au plan des connaissances, comme la connaissance des miracles prophétiques dont les énoncés, bien que certains soient transmis de manière isolée (âhâd), présentent un dénominateur commun concordant et connu au delà de tout doute possible pour tout individu musulman.
Jeter l'anathème sur un musulman dans des contextes autres que ceux que nous avons exposés est une affaire très dangereuse, car, selon le hadith prophétique : « Si un homme traite son frère de mécréant, alors l'un des deux aura mérité cette qualification », rapporté par Al-Bukhârî selon Abû Hurayrah.
En outre, l'excommunication ne doit être prononcée que par celui qui, par la lumière de la Législation, connaît les tenants et aboutissants de la mécréance et les limites séparant la mécréance de la foi selon la Législation impeccable.
Par conséquent, il n'est nullement permis de se précipiter dans ce domaine, ni de jeter l'anathème pour la moindre illusion ou conjecture, sans vérification, ni certitude et sans science solide. Autrement, ce sera un déluge qui emportera tout sur son chemin, et il ne restera que peu de musulmans sur terre. De même, il est inadmissible de jeter l'anathème en invoquant la perpétration des péchés sans considération pour la foi et pour la reconnaissance de la profession de foi. En effet, Anas - qu'Allah l'agrée - a rapporté que le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui - a dit : « Trois choses font partie intégrante de la foi : Ne pas nuire à celui qui dit 'Il n'y a de divinité qu'Allah', nous ne jetterons pas l'anathème sur lui à cause d'un péché et ne l'excommunierons pas pour un acte ; le jihâd perdurera depuis l'instant où Dieu m'a envoyé jusqu'à ce que les derniers de ma communauté combattent le Dajjâl [2] et ne sera point annulé par l'injustice d'un tyran ni par la justice d'un juste ; et la foi en la destinée. » [3]
L'Imâm des deux Sanctuaires disait : « Si l'on nous demandait de dresser la liste des paroles justifiant l'excommunication et celles ne la justifiant pas, nous dirions : En voilà une visée hors de portée et une peine perdue aux sentiers tortueux qui prend sa source dans les fondements du monothéisme. Quiconque n'a pas reçu les vérités ultimes ne peut guère tirer de conclusion des caractéristiques de l'excommunication... »
Pour toutes ces raisons, nous mettons en garde contre l'anathématisation hasardeuse ne concernant pas les domaines susmentionnés car cela est extrêmement dangereux. C'est Dieu qui guide vers le droit chemin et c'est vers Lui que se fera le retour.

Traduit de l'arabe de Mafâhîm Yajib An Tusahhah de Sheikh Mohammad `Alawî Al-Mâlikî - qu'Allâh lui fasse miséricorde -.

Notes:
[1] Sourate 16, An-Nahl, Les abeilles, verset 125.
[2] Ad-Dajjâl, ou l'Imposteur (le faux Messie), désigne un charlatan qui apparaîtra à la fin des temps et soumettra les fidèles à la tentation. NdT.
[3] Rapporté par Abû Dâwûd. La chaîne de transmission de ce hadith est faible, comme le souligne l'Imâm As-Suyûtî dans Al-Jâmi` As-Saghîr. Néanmoins, l'enseignement qu'il véhicule fait partie des principes établis de Ahl As-Sunnah wal-Jamâ`ah, contrairement à la secte des Mu`tazilites pour qui les péchés excluent celui qui les commet du cercle de l'islam. NdT.

Source: Islamophile

Wa salam alikoum

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