Doctrine Malikite

Au Nom de Dieu le Clément, Miséricordieux



Le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « Chercher la science est une obligation pour chaque musulman ».

Il dit aussi : « les Anges étendent leurs ailes à celui qui cherche la science : par satisfaction de ce qu'il fait ».

Et il dit : «Certes, Allah, et Ses anges, les habitants des cieux et de la terre, jusqu'à la fourmi dans sa tanière et jusqu'au poisson prient pour celui qui enseigne aux gens le bien ».

Qu’Allah fasse de ce Forum une aumône courante pour Sa Face généreuse.

Que nos intentions soient purement pour Allah seul.

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Un éclaircissement au sujet de la musique

 Ashwaq
Mercredi 6 Février 2008

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Ibn Rushd dans son Bayân wa at-tabyîna tome 4 page 432 ainsi que dans al-muqaddimât wa al-mumahhidât 3/462 dit:
l'avis de l'Imâm Mâlik pour cette question comme cela est écrit dans la Mudawwana : est que cela fait partie de l'autorisé (Mubâh) qu'il vaut mieux éviter plutôt que faire (al-mubâh al-ladhî tarkuhu ahsanu min fi'lih).
Ibn Al-'Arabî al-mâliki le juriste a dit dans Ahkâm al-qurân:
'Quant aux chants pour les femmes accompagnés d'instruments on ne connaît personne qui l'a interdit'

Quelques Fuqahâ malikites ont détaillé la question en disant:
Ils ont autorisé d'écouter le chant pour celui qui le prend comme sagesse et ils ont interdit cela pour celui qui est séduit par cela.
On demanda au Qâdî 'Iyâd Al-mâlikî ash-shablî grand savant malikite et éminent soufi: à propos du Samâ' et il répondit:
' son apparence est séduction, son intérieur est sagesse, celui qui connaît la subtilité (ishâra) lui est autorisé d'écouter la sagesse et la finalité' (At-tâj wa al-iklîl tome II page 62)

Ibn 'arafa le malikite rapporte d'Al-'izz Ibn 'abdessalâm ce qui suit :'al-'izz est un savant reconnu et on ne peut imaginer un consensus sans lui, al-'izz avait dit dans ses qawâ'id: le chemin pour la réforme des coeurs se fait par des causes extérieurs: Il y a d'abord le Coran et c'est la meilleur chose qu'on écoute, puis il y a aussi les paroles de conseils et de sagesses, puis il y a le Hidâ et le chant, puis il y a le chant accompagnés d'instruments à propos desquelles il y a divergence sur sa licéité (entre les savants). Si celui qui écoute ces intruments est parmi ceux qui considérent que cela est autorisé: il a bien fait d'écouter ce qui lui procure des états (bénis), mais il aura laissé le scrupule: car il aura écouté une chose à propos delaquelle les savants ont divergé (sur son statut).(At-tâj wa al-iklîl tome II page 62 édition dâr al-fikr)

L'avis connu de l'école malikite est que le chant qu'il soit accompagné d'instruments ou pas: s'il est fait sans occasion précise et s'il est fait pour al-itrâb (divertissement): est Harâm, d'autres avis dans l'école pensent que c'est Makrûh.
Ils ont autorisé par contre (à l'unanimité) le Hidâ(lors des voyages) et le chant qui est simplement une élevation de la voix avec de la poésie correcte pour l'amour du pays...



Autres avis qu'on pense plus adapté:

Le grand savant malikite et juriste Sidi Muhammad Al-Harrâq (mort à Tétouan en 1845), maître de la Tariqa al-harrâqiyya et éminent disciple de Sidi Al-'arbî Ad-darqâwî excellait en musique soufie et il était même spécialiste du luth arabe (al-'ûd).
Le savant contemporain Al-qardâwî a émis aussi des Fatwas bien fondées et réalistes sur ce sujet.
Pour nous:
En effet, il ne s'agit pas d'instruments pour définir la licéité ou non de la musique. Mais, il s'agit surtout: de l'intention du musicien et de celui qui l'écoute, du sujet de la musique, du temps (le moment où cette musique est entrain d'être jouée) et de son contexte.

La musique peut être selon les cas : illicite, ou blâmable ou licite ou recommandée...

Si l'intention de celui qui joue la musique est de rappeler les gens Dieu ou répandre les bonnes valeurs ou de louer le Prophète paix et salut sur lui : dans ce cas quels que soient les instruments utilisés, cette musique ne peut être que recommandée sauf si elle est jouée au temps de la prière et empêche les gens d'accomplir un devoir religieux..
Si par contre le sujet de la musique et l'intention du musicien est de répandre le péché ou inciter à la désobéissance de Dieu : dans ce cas cette musique est illicite...
Si l'intention de celui qui écoute la musique est mauvaise et qu'il est incité au péché par exemple une musique jouée dans la mixité et qui déchaîne les passions : ceci est illicite.

Et il en va de même si le sujet de la musique est blâmable ou si elle est une perte de temps inutile...Son statut suivra la nuisance(mal) qu'elle améne.

Ceci rejoint le Hadîth du Prophète paix et salut sur lui : « les actes ne valent que par leurs intentions et chacun selon son intention... »

Il n' y a pas de verset ou de parole authentique de notre bien aimé Prophète paix et salut sur lui qui interdit la musique saine et propre...

Le verset suivant où est mentionné l'expression « lahwa al hadîth » : « Parmi les gens, il en est qui achètent (ou aiment beaucoup) la distraction des verbiages futiles afin d'égarer les autres de la voie de Dieu sans s'appuyer sur aucun savoir et afin de la prendre en dérision » (Sourate XXXI Luqmân, verset 6)

Fait allusion à la musique qui éloigne de Dieu et qui incite aux péchés, à la désobéissance de Dieu, et au mépris de la religion...Ibn 'Ajîba al-hasanî dans son tafsîr al-bahr al-madîd dit à propos de l'explication du terme lahwu al-hadîth cité dans le verset 6 de la Sourate Luqmân: lahwu al-hadîth c'est ce qui détourne de Dieu que cela soit de la musique ou autres. Si la musique (le chant) incite à l'invocation d'Allah et amène l'esprit vers la présence d'Allah (vers la guidance) : cela sera une bonne chose et une chose juste (haqq). Si cela provoque (nourrit) la passion de l'âme ce sera un mal (bâtil). Le Samâ' (chant spirituel) chez les soufis est un pilier parmi les piliers dans leur méthode (éducative) avec trois conditions : le lieu, le temps et les frères. ...-fin du commentaire d'Ibn Ajiba-

Le Hadîth authentique où la mère des croyants 'Âïsha écoutait les éthiopiens danser et chanter le jour de la fête devant le Prophète lui-même (paix et salut sur lui) sans que celui-ci lui interdise cela ou interdise à ces chanteurs quoi que ce soit : est la meilleur preuve à ce propos...Le Prophète (paix et salut sur lui ) avait seulement demandé : « que disent -t-ils ? », les gens ont répondu : « Ils disent en chantant : Mohammed est un serviteur pieux... »

Les caravanes qui voyageaient pour le grand pèlerinage étaient toujours accompagnées de chanteurs pour rendre le voyage plus agréable, invoquer Dieu et louer Son Prophète : ce que l'on appelle : « Al hadw, al-hâdî »

Il en était de même dans les chemins pour les conquêtes pour encourager les fidèles. Ainsi, que dans les mariages et fêtes...

Conclusion :
La musique peut être un outil de Satan comme elle peut être un outil de communication des bonnes valeurs de l'Islam ou pour l'éloge du Prophète (paix et salut sur lui)...Donc pour statuer sur la musique : il faut voir son contexte, son sujet, l'intention et la finalité derrière...
Il ne faut pas en abuser, ni que cela devienne une drogue ni un but en soi, ni qu'elle détourne le musulman de la prière, ni qu'elle incite aux péchés ou qu'elle soit dans une mixité qui éveille les désirs...


Finalement, la musique est un des moyens de communication, elle est un langage universel et peut être un message très fort et très subtil si les intentions sont bonnes et si ceux qui la pratiquent sont des invocateurs de Dieu dont le coeur n'est rempli que par la présence divine. Elle peut être même un moyen de se rapprocher de Dieu ou de communiquer l'Islam.

Voir aussi une bonne référence malikite en arabe sur ce sujet:
http://www.aslein.net/archive/index.php/t-5314.html

VSMF