Doctrine Malikite


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Ibn 'âshir: "L'essentiel de la religion musulmane: Tawhîd, Fiqh et spiritualité, 2éme édition"


(Al-murshid Al-mu'în 'alâ Ad-Darûrî Min 'Ulûm ed-Dîn d'Ibn 'âshir)

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d'Ibn Abî Zayd Al-qirâwânî

Biographie:

L'Imam Mâlik - Sa vie et son époque, ses opinions et son fiqh d'Abou Zahra aux éditions Al-qalam


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Les quatre doctrines




Dans l’ordre chronologique d’apparition on a :

1 - L’école Hanafite : fondée par Abû Hanîfa Annu‘mân (80-150 AH), cette école est apparue en Irak, à Kufa et s’est répandue à Bagdad. Elle a adopté les méthodes de son fondateur et celles des maîtres de cette école après lui comme Abû Yûsuf et Abû El Hassan. Ses fondements comprennent, en plus du Coran et de la Sunna, l’istihsân, al ‘urf (la coutume) et qawl as-sahâbî (les paroles des compagnons du Prophète). Cette école est caractérisée surtout par l’utilisation de la raison et de l’opinion : Ar-ra’y. Elle est considérée comme l’école la plus libérale car le contexte de son apparition est lié à une société très complexe avec beaucoup de nouveaux besoins. Elle est répandue de nos jours en Afghanistan, en Inde, en Turquie, en Iran, en Syrie, en Russie et en Chine.

2 – l’école Malékite : elle a été fondée par Mâlik Ibn Anas (93-179 A.H) (le Savant de Médine comme l'a prédit le Prophète paix et salut sur lui) . Apparue à Médine, cette école met l’accent sur l’avis des compagnons du prophète et sur la pratique des médinois (‘amal ahl al madîna), ces derniers étant les descendants des compagnons du prophète. Elle donne aussi une place importante aux coutumes de la société s’ils ne contredisent pas la loi divine ainsi qu’à l’établissement des normes juridiques à partir de l'intérêt général de la société, appelé al masâlih al mursala. On reviendra plus loin en détail sur cette école.
L’imam Mâlik était réputé pour sa narration du Hadîth, il est considéré comme l’un des meilleurs en la matière.
Les ouvrages de référence de cette école sont, entre autres, le Muwatta’ (la voie rendue aisée) (premier recueil de Hadîth et de Fiqh en Islam) de l’Imâm Mâlik et la Mudawanna, un recueil des avis juridiques de Mâlik qu’a compilé son élève Sahnûn Ibn Saïd At-tanûkhî. La plupart des disciples de l’Imâm Mâlik sont partis en Afrique du nord et en Espagne. Cette école s’est répandue en Andalousie, au Maghreb, en Afrique subsaharienne, aux Emirats,au Koweït, à Bahreïn, au Soudan, et au Khurâsân.

3 – l’école Shâfi‘ite : elle a été fondée par Muhammad Ibn Idriss Ash-shâfi‘î (150-204 A.H) qui a vécu à la Mecque, puis en Iraq avant de s’installer en Egypte. Il a apprit le fiqh selon l’école malékite puis plus tard selon l’école Hanafite. Son école s’est positionnée entre l’école hanafite qui prime l’opinion personnelle (ar-ra’y), et l’école malékite qui se base essentiellement sur la sunna. Pour les Shâfi‘ite, la sunna est valorisée comme source de droit et une grande importance est donnée au consensus de toute la communauté (Ijmâ‘). Cette école s’est répandue en Egypte, au Yémen, et dans certains pays de l’Asie comme l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande.

4 – l’école Hanbalite : elle a été fondée par Ahmad Ibn Hanbal (164-241 A.H). Elle est pratiquement née du conflit qui a opposé Ibn Hanbal aux Mu'tazilites (rationalistes hellénisants passablement intolérants) et aux autorités politiques qui soutenaient alors les Mu'tazilites. La réputation d'Ibn Hanbal s'est forgée durant ces événements au cours desquels il fut persécuté et emprisonné sans jamais se renier. L'Imâm Ibn Hanbal est considéré par un grand nombre d’ouléma (savants de la loi) comme un traditionaliste (homme de hadîth) plutôt qu’un juriste. Ibn Hanbal n'était pas d'accord avec son maître Ash-shâfi‘î pour ce qui est de l'utilisation de l’opinion personnelle. Il a primé le hadîth du prophète auquel il a dévoué un recueil appelé « al musnad » et qui comprend environ 40.000 hadîths. Cette école adopte l’interprétation apparente (Zâhir) du Coran et de la sunna et rejette le raisonnement par analogie sauf dans des cas rares.

Ibn Hanbal se méfiait donc du ra'y (opinion personnelle) et du qiyâs (analogie), car, selon lui, ils avaient ouvert la porte à l'hérésie mu'tazilite, source d'innovations pécheresses et de division de la communauté.

Cette école se développa et ses missionnaires apportèrent leur madhhab dans des contrées lointaines, notamment dans le nord de l'Iran où allait naître le Sheikh Abd al-Qâdir al Jilânî (mort en 1166 ap. J.-C.), grand organisateur du soufisme confrérique.

Un siècle plus tard naissait le théologien Ibn Taymiyya (mort en 727 H.: 1328 ap. J.-C.).
Ibn Taymiyya et son disciple Ibn Al-Qayyim étaient les principaux défenseurs de cette école. L'approche d'Ibn Taymiyya est sensiblement différente de celle du fondateur Ibn Hanbal.
Ibn Taymiyya a fait beaucoup de travaux juridiques autour de l'école hanbalite et a eu des positions radicales par rapport à certains sujets[1]...Il va donner naissance à ce que certains historiens appelleront : la Salafiyya (salafisme) At-taymiyya.
A cause de sa rigueur méthodologique et sa restriction de l’ijtihâd (effort juridique), l’école de l’Imâm Ahmad, bien qu'authentique (comme les trois autres écoles), n’a pas connu une grande expansion si ce n’est après son adoption par le Royaume d’Arabie Saoudite: un hanbalisme réformé entièrement exotériste (donc différent de l'école hanbalite de base) va régner ensuite en Arabie, se radicalisant de plus en plus et excluant l'Ijtihâd et tout compromis avec la modernité: ce qui va être appelé le salafisme Wahhabite (du à Muhammad Ibn 'Abdel Wahhâb) qui s'est renforcé encore plus après la chute du Califat ottoman et grâce au pétro dollar.

Conclusion:
Les quatre écoles juridiques ont fait l'unanimité en matière de droit musulman et ont gagné la confiance de toute la communauté jusqu'à l'apparition du mouvement Salafisme wahhabite au dix-neuvième siècle qui réfuta ces doctrines et établit à partir de l'Arabie une approche plus radicale de l'Islam : le wahhabisme ne reconnaît que le Coran et la sunna comme sources de jurisprudence et n'admet qu'une interprétation littéraliste et superficielle du texte.
Le wahhabisme s’est renforcé et imposé dans plusieurs pays musulmans depuis la chute du Califat Ottoman en 1924. (Voir le chapitre du dogme/histoire du wahhabisme).



Notes:
[1]Exemple : sa fatwa connue sur l'interdiction de voyager spécialement pour la visite de la tombe du Prophète : alors que plusieurs Hadîth incitent à cette visite : entre autre : le hadith "Quiconque visite ma tombe, mon intercession lui sera garantie" (Man zâra qabrî wajabat lahou shafâ'atî) qui est une narration juste (hasan):
Voir: al-Daraqutni dans Sounan(selon Ibn 'Umar) (2:278 *194), Abû Dâwud al-Tayalisi dans Mousnad (2:12), Al-Doulabi dans Al-Kouna wa Al-Asma ' (2:64), Al-Khatib dans Talkhis Al-Moutashabih fi Al-Rasm (1:581), Ibn Al-Doubaythi dans Al-Dhayl ' ala Al-Tarikh (2:170), Ibn Abi Al-Dounya dans Kitab Al-Qoubour, Al-Bayhaqi dans Shou'ab Al-Iman (3:490), Al-Hakim Al-Tirmidhi dans Nawadir Al-Ousoul (p. 148), Al-Haythami (4:2), Al-Soubki dans Shifa' Al-Siqam (p. 12-14), Abu Al-Cheikh, Ibn 'Adi dans Al-Kamil (6:235, 6:351), Al-'Ouqayli dans Al-Dou'afa ' (4:170), Al-Bazzar dans Mousnad avec un contenant de chaîne très faible ' Abd Allah ibn Ibrahim Al-Ghifari [cf. Moukhtasar d'Ibn Hajar (1:481 *822)] avec la formulation "mon intercession aura lieu pour lui" (hallat lahou shafâ'atî) et Ibn Hajar qui a l'a mis dans la catégorie de hasan dans Talkhis Al-Habir (2:266) comme il est renforcé par d'autre hadiths qu'ils ont tous les deux lui et al-Haythami mentionné, comme :
"Quiconque me visite sans aucun but avéré d'autre que ma visite, c'est une obligation sur moi d'être son médiateur le Jour de la Résurrection."Relaté par al-Tabarani dans al-Awsat et al-Kabir avec une chaîne contenant Maslama ibn Salim et par Ibn al-Sakan dans son Sounan al-Sihah comme exposé par al-Shirbini dans Moughni al-Mouhtaj (1:512).
"Quiconque fait le pèlerinage me visite alors après ma mort, c'est comme s'il m'a rendu visite de mon vivant." Relaté par al-Tabarani dans al-Kabir (12:406) et al-Daraqoutni (2:278) avec une chaîne contenant Hafs ibn Abi Dawoud al-Qari, que seulement Ahmad a déclaré passable (sâlih).
"Quiconque fait le pèlerinage et ne me visite pas, a été grossier envers moi." Relaté par al-Daraqoutni dans son Sounan. Abou Ghoudda a dit : "il n'est pas contrefait comme Ibn Al-Jawzi et Ibn Taymiyya ont dit, plutôt un certain nombre de savants ont considéré sa chaîne juste et un certain nombre l'a considéré faible."
Voir le chapitre du pélerinage et le chapitre sur le Tawassul pour les détails.


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