Définition du dogme sunnite Ash‘arite [1]
Les partisans de cette école reconnaissent à l’homme un pouvoir, certes inefficace par rapport à celui de Dieu, comme il a des actions de Dieu qui est son Créateur et une volonté dont dépendent ses actions.
Pour cette raison, il est considéré comme étant libre de choisir ses actions, de qualifier ses actions, et qu’il convient d’actions librement choisies du fait qu’elles dépendent de sa volonté et de son libre arbitre.
Néanmoins, cette école juge que cette volonté et ce choix ne révèlent pas l’être créé mais sont relatifs à la création de Dieu[2].
En résumé, l’homme est libre de choisir ses actions, mais déterminé dans son choix. Son action et sa volonté d’agir sont créées par Dieu, il s’ensuit que l’homme est déterminé aussi dans ses actes. C’est pourquoi l’homme étant libre dans son choix, lorsqu’il fait dépendre directement ses actions de son propre choix, ses mêmes actions peuvent être qualifiées de volontaire.
Allah a montré à l’homme le chemin à l’aide de la révélation et lui a ordonné de faire le Bien et de fuir le Mal. L’homme reste malgré cela libre de choisir son chemin[3]…
Allah donna à l’homme le moyen d’agir et les instruments de l’action et le dota de la raison : donc l’homme est responsable de ses actes devant les hommes et devant Dieu... Dieu sait tout ce que chacun de nous va faire, cela est écrit dans Sa table gardée (dans la mère du livre)[4].
Cela ne doit certainement pas mener au fatalisme, car même si Dieu sait -de part Sa science ancienne- qui va en Enfer et qui va au Paradis, il est du devoir du musulman, d’agir en bien et d’utiliser tous les moyens licites pour exceller dans son travail et ses actions en ayant une bonne intention. Et s’il commet des erreurs (de part sa faiblesse), il est de son devoir de les regretter et de revenir vers Dieu par le repentir sincère à chaque fois.
Notes:
[1] Pour plus d’information et de précision au sujet du dogme : voir : La Doctrine de l'Unité selon le sunnisme aux éditions Alif, paru en 1999 et écrit par le Sheykh syrien Ibrahim Yaqubi. Et Kitâb at-ta'arruf li madhhabi ahl at-tasawwuf de Abû Bakr al Kalabâdhî (mort en 385 H).
[2] Dieu dit dans le Coran : « Et Dieu vous a créés, vous et ce que vous faites » Sourate 37 verset : 96.
Donc les actions de l'homme sont à la fois la création de Dieu et le résultat de l'effort de l'homme: (khalq Allah wa iktisâb al-'abd) : voir le Tafsîr de ce verset dans At-tabarî ou Al-qurtubî ou autre commentateur sunnite.
[3] Ce sont uniquement les Djinns et les hommes qui ne sont pas contraints à obéir Dieu : ceci implique qu’ils sont responsables et qu’ils seront juger…Les animaux par exemple ne sont pas responsables car ils n'ont pas de raison ('aql) : ils louent Dieu et le glorifient mais ne sont pas concernés par la legislation (tashrî'): donc, ils ne seront pas jugés et seront transformés en terre au jour du jugement (excepté quelques animaux comme la chamelle du Prophète Sâlih, le chien des gens de la Caverne..)…
'Amr Ibn al-'As (que Dieu l'agrée) a dit "Le Jour du jugement la terre aura une largeur égale à celle du ciel. Les djinns seront ressuscités ainsi que les hommes, les bêtes de somme et les bêtes sauvages. Quand ce jour arrivera, Allâh établira la justice entre les animaux (al-qisâs)et jugera en faveur de la brebis qui n'a pas de cornes et qui a reçu des coups de celle qui en possédait. Quand Allâh aura terminé de juger les animaux, Il leur dira: "Soyez poussière". Et le mécréant dira "Ah ! Si je n'étais que poussière !' (78:40).
An-Nawawi a dit: "Cela est une affirmation de la Résurrection des bêtes sauvages le jour du jugement et leur retour à ce qu'ils étaient ici-bas .... Allâh dit: "Lorsque les animaux sauvages seront rassemblées." (81:5) "... Quand au jugement en faveur de la bête sans corne contre celle qui en avait, ce n'est pas un jugement de responsables puisque les animaux ne le sont pas, mais c'est un jugement de confrontation". (commentaire de Sahih Muslim)
[4] En effet, ce qui est écrit par les Anges (al-hafazah) nous concernant est abrogé ou effacé par Allah quand il ne s’agit pas de châtiment ou de récompense ; ou encore : Allah maintient ce qu’Il a vu dans la profondeur du cœur de Son serviteur ; Il efface aussi les mauvais actes de celui qui se repent (at-tâib) et maintient les bons actes (al-hasanât) à leur place ; mais ce qui est écrit dans la table gardée (a-llawhu al-mahfûzu) est la science ancienne de Dieu qui est définitive et inchangée. Dieu dit dans le Coran : « Dieu abroge (efface) ce qu'Il veut ou le maintient et il détient l'Ecriture mère (la mère du Livre) (Ummu Al-kitâb) » (Sourate 13, verset : 39).
(Voir Al-Bidâwî (m 791 H) dans son Tafsîr de ce verset et At-tabarî)